L'arrivée de Dol Amroth !

Ce fut un matin de fête et de réjouissances tandis que les lourdes portes de Minas Tirith s'ouvraient à une colonne de centaines de fiers soldats venus de Cair Andros en renfort. La colonne de chevaliers et d'hommes d'armes traversa les avenues principales de la ville sous les acclamations de la foule tandis que par-ci par-là des femmes venaient leur passer des couronnes de fleurs autour du cou. Il en fut ainsi à travers cinq niveaux, avant que le Capitaine Gallior suivit par Imrahil et Varamir ne vinrent les accueillir à l'entrée du sixième. Le salut que s'échangèrent les officiers de Minas Tirith et le meneur des troupes de Dol Amroth , le légendaire Imrahil un certain Capitaine Lugo aux allures hautaines , suscita des exclamations de joie frénétiques de la part de tout les nombreux civils témoins de la scène. La plupart étaient si enchantés par la venu des chevaliers de Dol Amroth qu'ils ne se demandèrent même pas pourquoi ça n'était pas le Roi qui était venu accueillir les nouveaux arrivants en personne. Tout ce qu'ils avaient en tête, c'est qu'avec la venue des chevaliers au cygne , la guerre pouvait être considérée comme d'ores et déjà gagnée.

[Si votre PJ a loupé pareil évènement, on pourra se demander si ça n'est pas un sacré Geek ! N'hésitez donc pas à retranscrire ici le point de vue de votre personnage sur l'arrivée des chevaliers...]

Imrahil était soudainement repassé au second plan . Depuis des jours maintenant, il lui avait semblé être le centre du monde... Tout pratiquement tournait autour de lui. Mais à présent que le Grand , le Beau Capitaine Lugo de Dol Amroth était arrivé, on ne lui accordait pas plus d'attention qu'à un simple fantassin qui avait été disposé «en décor» . C'était peut-être pour cela qu'il n'aimait pas Lugo , et que ses défauts tant physiques que moraux lui semblaient exacerbés... Sans compter cet homme en manteau rouge, l'unique mage qu'avaient dégoté l'incapable milice, apparemment. Si seulement ils pouvaient retourner là d'où ils étaient venus!

*Arrêtes! Tu t'entends penser ?! Tu es ridicule, complêtement aveuglé par la jalousie tel un môme de quatre ans! Il est normal que Gallior acceuille dignement des alliés venus saigner à nos côtés! Fais-en de même!*

Mais rien à faire, Imrahil n'arrivait pas à virer ce sentiment de s'être fait damer le pion... Sentiment instinctif, il s'en doutait bien, mais qui n'était visiblement pas prêt de le lâcher.

*Allez, après la réunion, je les invite à la taverne! Rien de mieux que ma bière pour cimenter les amitiés et effacer les vilaines intentions hein?*

A sa surprise, Gallior n'ouvrit pas la porte de la pièce dans laquelle ils s'étaient regroupés la dernière fois pour leur conseil de guerre en petit comité. Le groupe de «VIP» continua d'arpenter les couloirs de la caserne pendant quelques minutes encore, avant que Gallior n'ouvre la double porte d'une vaste pièce aux murs en marbre blanc au milieu de laquelle se trouvait une longue table rectangulaire. Des statues de guerriers en armes à la posture héroïque , érigées à la mémoire des héros du Gondor , étaient disposées le long de la pièce.

«Voici la salle où se déroûle nos conseils de guerre. Expliqua Gallior , indifférent à l'ébahissement d'Imrahil. Nous allons vous mettre au courant du plan que nous avons établi ici.

*Menteur ! Faux c** ! !* lui lança Imrahil intérieurement.

Gallior mit à jour Lugo -et Raistlin qui était également là- à propos de son plan, ainsi que des contraintes qui les poussaient à en arriver là pour l'instant. Celui-ci sembla approuver pleinement, et vint même ajoûter sa pierre :

«Pas plus tard qu'après-demain, les autres fiefs devraient également nous rejoindre. Nous aurons rapidement les forces dont nous avons besoin pour une contre-attaque. Et si ils arrivent au cours de la bataille, je suis sûr qu'ils auront assez de jugeote pour prendre les Orques sur le flanc ou à revers. Notre victoire est assurée.»

Hélas, les autres fiefs n'eurent pas le temps de prendre part aux évènements de Minas Tirith ; car les Orques passèrent enfin à l'attaque, après plus d'un mois d'inexpliquable inactivité.

Theodred se tenait derrière Imrahil à l'entrée du sixième niveau, non loin de la foule amassée. Il regarda les capitaines se saluant.


*Ils en font un peu trop...Ca fait vraiment embrassades de familles...*

Le capitaine Lugo était le plus impressionnant, il suscitait beaucoup d'intérêt auprès des femmes de la foule. Theodred regardait les femmes écumant devant la vision des chevaliers de Dol Amroth.

*Tiens, on dirait que tout le monde reprend de l'espoir...Et ben, si il suffisait de s'habiller en armure ornée de signes un peu partout pour ça je l'aurais fait plus tôt.*

Gallior amena les différents capitaines à la caserne où il se baladèrent dans ses couloirs, Theodred derrière eux qui ne disait rien.

*Réunion d'Etat-major...Ca me donne faim..."Mais Theodred t'es obligé de venir !" Et gnagnagna...Pfff...Et zut, je viens de penser à une salade. J'ai faim, et je suis obligé de rester.*

Lorsque Gallior ouvra la pièce où il allait expliquer son plan, Theodred lança :

"C'est nouveau les st..."
Gallior venait de mettre un coup dans les côtes de Theodred.
"...les strates de bois au plafond ?
-Les quoi ?
-Euh non rien excusez-moi..."

Gallior tapota un mouchoir sur son front et Lugo regardait Theodred comme si il n'avait pas remarqué sa présence avant. Bref...Ils commencèrent à discuter bataille. Theodred ne disait toujours rien.

*Sérieux...On dirait qu'ils sont contents d'y aller à la guerre eux...*

«Pas plus tard qu'après-demain, les autres fiefs devraient également nous rejoindre. Nous aurons rapidement les forces dont nous avons besoin pour une contre-attaque. Et si ils arrivent au cours de la bataille, je suis sûr qu'ils auront assez de jugeote pour prendre les Orques sur le flanc ou à revers. Notre victoire est assurée.»

*Mais qui a pondu ce plan ? Même le milicien que j'ai rencontré hier en aurait donné un meilleur que ça...Ouais quoi que...*

[HRP/ tant que Alucard n'est pas là, il ne peut pas trop voir les réjouissances, mais bon ^^, Alandaïl va le remplacer]

Alandaïl avait instinctivement quitté la taverne pour rejoindre le lieu des clameurs qu'il avait entendu. C'est alors qu'il se frayait un passage pour passer sa tête au dessus des masses de Gondoriens qu'il les vit.
Ce n'étaient pas des simples hommes comme il en abonde dans la citée, non, on aurait pu voir en eux une lueur angélique. Plus gracieux et honnorables que des elfes, et surtout beaucoup plus combattifs, les guerriers de Dol Amroth cheminaient à l'intérieur de la citée.
Inutile de se demander alors si la guerre était vaine, car même le petit nombre qu'ils étaient dégageait plus de charisme que Mithrandir.

*Le salut enfin.*

Alandaïl suivit pendant quelques minutes encore la colonne d'ange qui s'enfonçaient un peu plus dans les entrailles de Minas Tirith. Il était émerveillé au possible, tellement qu'il ne retourna pas à la taverne après les avoir quitté. Non, il partit au camps d'entraînement pour avoir l'honneur de les rejoindre chez eux une fois le Mordor écrasé. car il ne faisait maintenant plus aucun doute que le Mordor allait perdre, comment pourrait-il vaincre des anges.
Alandaïl voulait montrer ce dont il était capable jadis à ses hommes pour qu'ils l'acceptent chez eux.

*J'ai décidémment de la bedaine à perdre, la bière ne forge pas un aspect de bon guerrier. Il faut arranger ça ...*

Raistlin avait regardé l'arrivée des troupes de Dol Amroth avec dédain. Tous ces chevaliers en armures reluisantes n'étaient pour lui que des morts en sursis, comme tous les soldats gondoriens. Mais il notait avec amusement que quelques troupes supplémentaires mettaient du baume au coeur de tout le monde - lui excepté. Il ne comprenait pas pourquoi : pour lui, de nouveaux soldats prêts à se battre n'étaient que des morts de plus, qu'il faudrait compter, dont il faudrait faire le deuil. Pas de quoi se réjouir.
Le capitaine des troupes de Dol Amroth était le plus risible : il semblait se croire indestructible, et tout le monde voyait en lui l'incarnation même de la victoire. Le mage avait presque l'impression qu'un culte allait être voué au nouvel arrivant. La naissance d'une nouvelle religion !
Raistlin écouta distraitement les salutations qu'échangèrent les capitaines, et les suivit dans la salle nouvellement ouverte, soi-disant utilisée en temps normal pour les conseils de guerre. Le mage sourit en voyant un des capitaines faire une remarque sur cette salle, et se prendre un coup dans les côtes. Ce n'était définitivement pas la salle habituelle...
L'homme en rouge écouta le plan de Gallior, et l'ajout de Lugo. Il ne tenta même pas de contenir son rire.

"Vous avez vraiment confiance en vous... J'ignore comment vous avez réussi à vous hisser au grade de capitaine du fief de Dol Amroth, mais ce n'est sûrement pas avec des stratégies pareilles."

Raistlin prit la pose, dans une imitation exagérée des manières de Lugo.

"Nos forces seront plus nombreuses et plus fortes, dit-il d'une voix ampoulée. Nous gagnerons forcément."

Le mage se rassit et prit à nouveau son sérieux.

"Charger comme ça serait stupide, pas brave. Il n'y a pas de bravoure dans la guerre. Il faut tuer ou être tuer. La bravoure n'a pas sa place dans ce genre de situation..."

Raistlin attendit la réaction de ses interlocuteurs...

L'air s'emplit soudain d'une lourde tension dans la salle, tandis que tous les hommes présents dans la pièce n'arrivaient qu'à moitié à réaliser que le mage venait d'insulter le Capitaine de Dol Amroth ...

*C'est pas bon, pas bon du tout...*

... Lugo bondit de son fauteuil qui se renversa sur place, tandis qu'il explosait.

"De quel droit osez-vous me défier ainsi et remettre en question ma place de meneur d'hommes !? Serpent !! Je vous dresserai !! Je vais de ce pas vous discipliner et vous enseigner la retenue !! Maudits jeteurs de sorts, vous ne perdez jamais une occasion de vous faire remarquer! Si seulement les miens avaient assez de bon sens pour flécher des indésirables dans votre genre avant qu'ils ne passent nos frontières!"

Lugo dégaina une longue et large épée stylisée à la poignée d'or et à la lame couverte de runes. Celle-ci par ailleur s'envelloppa de feu. Imrahil reconnut bien une épée de feu similaire à la sienne. Tout le monde se leva en essayant de tempêrer autant que possible la réaction de Lugo . Mais Lugo était un homme incroyablement fort, contrairement à ce que ses manies de dandy propre sur lui laissaient paraître, et il parvint à écarter les officiers qui le séparaient du mage, et vint placer la pointe de son épée face à la boûche de Raistlin qui demeura impassible.

"J'exige vos excuses, jeteur de sort! Tout de suite!
_ Pour avoir dit la vérité? Très drôle. Et évitez de me menacer avec votre pic à brochettes, vous avez besoin de moi."

Imrahil s'attendait d'un instant à l'autre à voir Lugo traverser la tête du mage à l'aide de son "pic à brochettes" . Il ne connaissait pas ce mage, mais quelques chose lui disait que si telles étaient tout le temps ses manières, il allait rapidement partager un emportement semblable à celui de Lugo ...

"Il suffit ! s'insurgea Gallior .Seigneur Lugo , je vous en conjure, mettez votre fierté de côté pour le moment, nous avons un problème plus urgent à régler. Et vous, mage Raistlin , ayez un peu plus de respect; c'est mon premier ordre pour vous. J'ignore quelles sont les manières qu'ont les magiciens entre eux, mais ici, nous sommes dans l'armée Gondorienne , chaque homme ici doit être un frère pour l'autre. Seigneur Lugo , allez, soyez raisonnable, rangez cette épée, et retournez vous asseoir à votre place."

A contrecoeur, Lugo rangea son arme. Imrahil poussa un "pfiou" satisfait indiscret, tandis que le Capitaine retournait lentement à sa place. Néanmoins, l'homme de Dol Amroth encore en proie à la colère, affirma le fond de ses pensées à voix haute.

"J'accède à votre requête, pour cette fois... Vous comprenez, je suis un homme fier, et je supporte mal d'être traité avec aussi peu de déférence à mon égard... Mais je suis un homme civilisé issu d'un monde noble... Le Prince m'a d'ailleur mis en garde face à celà... Il savait qu'il me serait difficile de rester maître de moi-même, dans cette ville de singes où les plus hauts grades sont laissés à la merci de vils gueux de basse naissance et d'étrangers venus d'outre contrées!"

L'insulte visait un joli paquet de Gondoriens d'un seul coup, et pouvait être considérée comme très basse si l'on considérait le fait qu'une bonne partie des officiers en question n'étaient pas présents pour se défendre... Imrahil dont le père n'avait été qu'un simple fantassin, Théodred qui venait du Rohan , Berethor qui venait du Harad , et même Elegost qui venait de Dale ! En une remarque, Raistlin avait créé des tensions irréparables dans les hauts échelons. Dire qu'à l'idée de la venue de Dol Amroth et de la présence du mage dans l'armée, il s'était senti invincible... En fait, les deux idées combinées causeraient peut-être la chute du Gondor !

"Gardez ce genre de réflexions pour vous Lugo , je vous prie! Ah là là... Même chez ceux d'en face, qui ne sont que des bêtes sanguinaires, on doit avoir une meilleure entente et un meilleur esprit d'équipe... Ils seraient morts de rire, les Orques , s'ils entendaient tous les échanges qui fusent dans cette pièce!"

Gallior se râcla la gorge, bien qu'il n'eut rien dans la gorge; c'était en quelques sortes sa manière de dire que l'on tournait la page et que le prochain qui la ramenait allait recevoir son poing ganté droit dans la figure sans avertissement ni menace.

"Raistlin a tout de même tenu un discours qui m'a intrigué... entama Gallior séreinement , comme si aucun incident n'avait eu lieu deux minutes plus tôt.
_ C'est vrai ! coupa Imrahil Il a dit qu'il n'y avait aucune bravoure dans la guerre! Ce sont de sombres paroles, mais vous aurez maintes occasion de vous rendre compte qu'en fait, il s'agit même de l'une de nos plus grandes forces!
_ Euh certes, certes, Imrahil... Mais ça n'était pas là que je voulais en venir en fait... Donc, poursuivit Gallior , il semblerait que vous doûtiez du bienfondé de notre plan. Expliquez-nous votre point de vue, nous sommes à vous."

Raistlin s'était immédiatement rassit, et avait rabattu sa capuche sur son visage. L'emportement de Lugo était exactement ce à quoi il s'était attendu. Avec un peu de chances, les Gondoriens se rendraient compte qu'il faudrait remplacer assez vite ce guerrier stupide. Il assista au reste de l'échange le dos au mur, son bâton à la main, le regard passant sur chaque homme... jusqu'à ce que les regards se tournent vers lui.

"Que j'explicite mes propos ? Je pensais pourtant avoir été clair..."

Raistlin se pencha sur la table, de façon à ce que tout le monde puisse le voir. Son capuchon camouflant toujours ses cheveux et sa couleur de peau, il reprit :

"Votre plan repose sur des choses dont nous ne sommes pas sûrs."

Voyant les regards interrogateurs qui lui furent lancés, Raistlin souffla et continua son explication.

"Tout d'abord, les orcs. Personne ne sait comment ils vont réagir, ni quand. Si ça se trouve, ils sont déjà au pied de la Cité, pendant que nous sommes en train de tergiverser sur les origines des dirigeants de cette armée."

Il appuya fortement sur la fin de sa phrase.

"S'ils attaquent trop vite, il se peut que nous ne soyons pas prêts. De plus, nous ignorons totalement leur nombre. Tout ce que nous savons c'est qu'ils grouilleront... comme des orcs en fait."

Retenant une quinte de toux, le mage ajouta difficilement :

"Ensuite, vient votre confiance inébranlable" l'ironie qu'il plaçait dans le dernier mot fut saisie par tout le monde "dans nos hommes. Vous êtes sûrs que n'importe quel Gondorien peut abattre un nombre d'adversaires incalculables. Mais nul ne nous dit que les ennemis n'enverront que de la chaire à canon. Il se peut que leur avant-garde en elle-même soit composée d'uruks ou d'haradrims et d'orientaux, non ?"

Le mage toussa, laissant ainsi le temps à ses interlocuteurs de comprendre ce qu'il disait. Il ne voyait pas leurs visages, mais cela ne l'intéressait pas.

"Jusque là je pense que vous avez saisi... Le dernier point faible de ce plan est simple : que se passera-t-il si nous sommes vaincus avant que les soldats des fiefs n'arrivent ?"

Sur cette déclaration, Raistlin reposa le dossier de sa chaise contre le mur, comme précédemment, et attendit des réactions.

Imrahil avait attendu que Raistlin ait terminé d'expliquer sur quels points il doûtait de ce plan absolument parfait -ou pas . Il eut néanmoins une réaction irritée qui était pour le moins très harmonieuse avec les critiques du mage.

"Ne sous-estimez pas nos hommes , mage ! Notre armée est la plus puissante au monde, nos soldats les meilleurs! Et qu'importe les forces déployées contre nous, que ce soit cette vermine d'Orques , les Uruk-Haïs , 10 000 Trolls , ou la colère des dieux, nous remporterons la victoire!"
D'autres hommes partagèrent l'optimisme de Imrahil en confirmant ses affirmations, mais le mage demeura sceptique. En fait, une telle réaction n'avait fait que renforcer ses doûtes... Mais il fallait bien reconnaître que Raistlin n'avait encore jamais assisté à une bataille entre le Gondor et les sbires du Mordor , se dit Imrahil . Il ne tiendrait pas pareil discours s'il avait également vu de ses yeux tout ces accrochages où les forces du Gondor avaient défait des ennemis malgré un rapport de forces hallucinant par le désavantage Gondorien .

"Vos inquiétudes sont compréhensibles -pour la plupart-, mais ne vous inquiétez pas... commença Gallior . Il est vrai que nous ignorons comment les Orques vont réagir, mais je suis sûr que chacun ici présent saura faire preuve de coordination lorsque le moment sera venu." Mais je peux vous certifier qu'ils ne sont pas encore au pied de la Cité. Nous l'aurions su. Nous guettons Osgiliath nuit et jour, et dés les premiers signes de mouvement de l'Ennemi , j'ai donné l'ordre que l'alerte soit donnée. Dés que c'est le cas, ne vous inquiétez pas, les préparatifs sont achevés depuis un moment déjà, et plus particulièrement depuis hier, et tout le monde sait ce qu'il doit faire... Quand à ce qui surviendra si nous sommes vaincus...

Imrahil intervint à nouveau.

"Nous n'avons pas à nous en soucier, puisque nous allons remporter la victoire ! ! Celà appartient au monde des mauvais rêves !
_ Certes... reconnut Gallior . En imaginant que l'on viendrait à être vaincus... Eh bien, on se retrouverait au même point que si nous ne sortons pas en fait : le Champ de Pelennor va être à la merci de l'Ennemi , qui pourra nous coûper du monde et de tous les renforts.

Raistlin sourit à la démonstration de bravoure de Imrahil. La stupidité Gondorienne incarnée. Et c'était un capitaine... Qu'est-ce qu'il fallait pour diriger ici ? Etre le plus incompétent possible ? Même les trois miliciens qu'il avait croisé semblaient plus talentueux... L'homme du Nord, principalement, ainsi que son compagnon peu bavard. Le faux-jeton aurait fait un bon dirigeant, selon toute logique...
Mais la dernière phrase prononcée par Gallior déclencha un éclat de rire chez Raistlin.

"Mais oui, bien sûr, exactement au même point..."

Son rire recommença. Perçant, froid. Toutes les personnes présentes dans la pièce eurent le sang glacé. Si jamais qui que ce soit venait à leur reparler de cette réunion, ce que la majorité des gens diraient était qu'ils avaient entendu le son le plus effrayant de tous les temps, un son qu'ils ne désiraient plus à avoir à entendre. Et c'était ce simple rire, ce rire dénué de joie, porteur de menaces de mort aussi claires que si le mage avait placé une boule de feu devant le visage de chaque homme présent à Minas Tirith.

"Nous aurions juste perdu la plus grande partie de nos hommes, la plupart des projectiles que se soient ceux de trébuchets et d'arcs, et le moral des soldats sera au minimum... Oui, en effet, nous en serons au même point que maintenant."

Le mage recula sur sa chaise, et marmonna.

"Vraiment stupides..."

Il était sûr que tout le monde avait entendu...

Gallior mit un moment avant de se ressaisir... Ce Raistlin avait un rire démoniaque, terrifiant... Au moins, ils avaient déjà une petite idée de l'étendue de ses capacités. Au bout de quelques secondes, en essayant de paraître toujours aussi serein, Gallior reprit la parole.

"Oui... En effet. reconnut-il .
_ Seulement comme je le disais tout à l'heure, ça n'arrivera pas! répéta Imrahil en s'écriant avec deux fois plus de confiance dans la voix, et Raistlin se demanda s'il était trop brave ou trop stupide, si ça n'était pas les deux à la fois, pour avoir ressenti l'effet de son sort. Car nous allons être victorieux!
La nouvelle approbation lancée par les officiers couvrit le soupir exaspéré du mage, qui se leva de son fauteuil.

"Futiles sont mes efforts de vous faire entendre raison à votre bande de prétentieux. Vous vous terrez dans de douces chimères, et vous mordez la main qui tente de vous en sortir. Il serait plus facile pour moi de creuser de mes seuls ongles une brèche dans le mur de Minas Tirith , que de vous faire entendre raison. Si vous voulez tous mourir et laisser votre pays et votre peuple tomber aux griffes des Orques ... ainsi soit-il, ça n'est pas moi qui viendrait m'en lamenter; votre Gondor ne m'intéresse pas. Mais arrangez-vous juste pour que j'ai mes 10000£ par mumak abattu, quitte à me léguer toutes les possessions de votre peuple dans votre testament."

Sur ces mots, le mage quitta la pièce. Les officiers échangèrent des regards graves avant que le capitaine Lugo ne se lève en prenant la parole pour affirmer tout haut son avis.

"C'est un lanceur de sorts... Cet homme est différent de vous et moi. N'ayez crainte, nous ne connaîssons que trop bien ceux qui ont des affinités avec la magie... Toujours porteurs de mauvaises nouvelles, toujours pessimistes, toujours à faire s'abattre l'orage là où rayonne le soleil... Et toujours désireux d'avoir le dernier mot. Si ça n'est pas le cas, ils se vêxent et se retirent dans leur coin.
_ J'espère tout de même qu'il reviendra pour respecter notre engagement; qu'il ne va pas nous abandonner par surprise, par caprice! craignit Gallior .
_ N'ayez crainte, se voulut rassurant Imrahil , qui décidément s'étonnait lui-même de se découvrir aussi optimiste et fanatique, lui qui dans sa première bataille avait manqué de s'uriner dessus face aux Orques ! Je l'ai bien cerné notre homme. Aussi grande que soit sa maîtrise de la magie, ça n'est ni plus ni moins qu'un mercenaire. Il reviendra pour accomplir le "contrat" ... C'est l'or qui le fait courir."

Ils passèrent l'heure qui suivit -désolé Théodred , t'as du mourir de faim sur ton fauteuil ! - à se répéter en boucle de différentes manières, qu'ils avaient fait les bons choix, que ce plan était parfait, et que leur victoire ne faisait aucun doûte. Car pour eux, le seul aboutissement qu'ils envisageaient à cette bataille, c'était leur victoire.

[En m'incrustant dans votre petit délire perso.]

Raine assistait au défilé de troupes de Dol Amroth aux côtés de Agriac , essayant de se faire entendre malgré le brouahaha de la foule.

«...Et je suis bien content qu'ils viennent placer leurs belles petites fesses en or sur la trajectoire des lances qui étaient destinées à nos têtes, poursuivait Raine sur un ton qui laissait à penser qu'il était toujours d'aussi mauvaise humeur que d'habitude, mais n'empêche, ils en ont mis du temps pour rappliquer non? J'veux dire, plutôt que d'appeler les renforts pour reprendre Osgiliath , ça aurait pas été plus intelligent de les appeler pour garder Osgiliath franchement?
_ Les rouages stratégiques des officiers échappent à de piètres miliciens tels que nous... Mais dis-moi, où est Ragnar ? S'interrogea Agriac pour dévier Raine de ses coups de poignards verbaux dans le dos des héros du Gondor venus pour les sauver. Raine lui jeta un regard désintéressé.
_ Chui pas sa mère! Et puis c'est un grand garçon, il fait sa vie! Si je m'écoûtais, je dirais qu'il a dû... Bon sang! S'écria soudainement Raine .
_ Quoi ???
_ Faut que je fasse la même chose que lui! Faut que je m'engage dans l'armée moi! Bon sang, serait sacrément temps!»

Après tout, s'il était rentré dans la milice, c'était uniquement parce que tout homme désirant rejoindre l'armée devait d'abord rentrer dans la milice, le temps de se préparer, de prendre conscience un minimum de la hiérarchie -enfin, c'était censéêtre l'idée!- de prendre un peu du poil de la bête.

«Oh... Agriac avait une note de déception dans la voix. Alors on se dit adieu Raine ?
_ J'ai pas l'intention de mourir en héros; je compte bien revenir à Minas Tirith profiter des gains d'après-bataille.
_ Ouais mais... Tu vas être constamment en mouvement avec l'armée, si t'es pas envoyé dans une garnison lointaine où tu moisiras pendant le restant de tes jours.
_ Attention, je pourrais presque croire que je vais te manquer... plaisanta Raine , sur un ton inhabituellement sympathique.
_ Disons que je reste sur ma faim... J'aurais voulu avoir le temps de te cerner et de partager un peu plus avec toi...
_ Parce que t'en as pas eu le temps ?! Sur ce... »

Raine s'éclipsa à travers la foule pour aller s'engager dans l'armée.