[Je marque mon retour HRP (car je peux pas revenir en RP pour le moment, pour des raisons vues avec un des admins) par la suite de mon livre. Là vous êtes censés vous rejouir, etc etc...]
Le Corbeau Noir se réveilla en sursaut. Il était sûr qu’il avait entendu son nom. Il tenta de se lever, et d’essuyer la sueur qui coulait sur son front, mais quelque chose l’en empêcha. Il était attaché à une planche en bois, retenu par les bras et les jambes à l’aide de chaînes. Toute la pièce était baignée dans la lumière. Aux murs étaient accrochés divers instruments de torture, des scies, des vrilles, des lames recouvertes de rouille et de sang.
Un moine vêtu de blanc s’approcha de la planche où le Corbeau Noir était attaché et lui dit :
« Bien, Démon, prêt à souffrir ? »
Corbeau sourit, et tenta de créer une arme. Mais malgré sa concentration, il n’y eut aucun résultat…
« Inutile, nous connaissons tes capacités : sans ombre, et sans ton manteau, tu ne peux rien faire. »
Le moine accentua son explication d’un rire presque dément. Il claqua des doigts, et la planche sur laquelle le Corbeau Noir était attaché se plaça à la verticale.
« Que le supplice commence… »
La planche recula, et le Corbeau Noir fut enfermé dans un cylindre de fer, une « vierge de fer ». Le moine appuya légèrement sur un bouton, et Corbeau poussa un hurlement qui retentit dans le château entier.
Le roi, enfermé dans une pièce proche, s’agita lorsqu’il reconnut la voix qui venait de pousser ce cri.
« Qu’avez-vous fait, monstres ? »
L’Inquisiteur montra la colère qu’avait fait monter cette remarque en frappant le visage barbu de Reth.
« Nous, des monstres ? C’est toi le monstre, la créature démoniaque ! Tu as osé ensorceler les enfants de tes frères, de tes sœurs, et même les tiens pour pouvoir défendre ton misérable château ! Tu as laissé des démons prendre possession des corps des nourrissons pour avoir des armes qui te seraient entièrement dévouées ! Et tu penses que c’est moi, le grand Vanardel, Inquisiteur apportant le châtiment divin d’Anatherkal, dieu des Lumières Eternelles, oui, moi, qui suis un monstre ? Ouvre les yeux, Reth de Studerret, c’est toi le monstre dans cette pièce ! »
Vanardel arrêta son discours quelques secondes. Ses yeux étaient exorbités, et de la bave commençait à couler de sa bouche. Une preuve visible de son fanatisme… Quand il reprit, il semblait encore plus excité.
« D’ailleurs ton nom n’est plus, car il ne convient pas à un monstre d’avoir un nom ou un titre. Studerret n’est plus à toi, mais à l’Inquisition, démon ! »
Reth observa l’Inquisiteur avec défi. Il vit la forme vêtue de rouge le frapper, jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Le roi Reth de Studerret n’était plus, et l’Inquisition allait s’occuper du démon qui était dans son corps…
Le Corbeau Noir sentait la pression des pointes qui s’enfonçaient dans son corps se relâcher. Le moine avait-il décidé de tester une autre forme de torture, ou bien avait-il simplement envie de donner un peu de répit à sa victime, afin de le faire souffrir plus longtemps ? Dans tous les cas, cela permettrait au Corbeau Noir de s’attaquer au moine, pour s’échapper… Soudain, le cylindre s’ouvrit et le Corbeau Noir s’écroula. Il n’avait pas prévu que la douleur l’empêcherait de se tenir debout… Mais il sentit des mains le rattraper avant qu’il ne touche le sol.
« Les lames étaient assez tranchantes pour couper les chaînes qui t’attachaient à la planche, mais tu es encore vivant… Il n’y a pas à dire, tu n’es pas un simple humain… »
Le Corbeau Noir fut posé sur une autre planche, à proximité de son manteau. Il décida de profiter de l’erreur qu’avait faite le moine et d’attaquer ce dernier, mais son manteau prit feu sous ses yeux.
« Tu me prends vraiment pour quelqu’un de stupide… Je te l’ai dit : nous connaissons tes faiblesses. Bon, nous allons passer à la suite… »
L’Inquisiteur Vanardel entendit un second cri. Le travail était fini dans l’autre pièce. Il fallait encore trouver trois… non, deux Enfants-Démons, et l’Inquisition menée à Studerret serait terminée. Peut-être serait-il nommé Grand Inquisiteur après une campagne pareille.
Il fit signe à des membres de sa suite, qui partirent préparer la calèche qui les emmènerait au Monastère d’Anatherkal dès que le moine qui s’occupait du corps de Reth aurait fini l’incinération. Dans peu de temps donc…
Le sang s’échappait de son cadavre. Il avait été tranché de façon nette en plusieurs endroits, et le corps présentait un trou énorme au niveau de la cage thoracique. L’homme qui venait d’arriver aida le Corbeau Noir à se relever, et le soutint jusqu’à la porte d’entrée.
« Il » dit l’homme, en pointant son doigt en direction du moine « a brûlé ton manteau, c’est ça ? »
Bakhyo ne répondit pas : il n’en avait pas la force… Mais il fit un signe de tête affirmatif, espérant que son sauveur l’avait vu.
« Bien. On s’en occupera plus tard si ça ne te pose pas de problème. L’objectif est de s’échapper, pour le moment. Vu le cri que cet homme a poussé, Vanardel doit te croie mort. Cela nous laissera une plus grande marge de manœuvre. Mais ça reste risqué… »
Le Corbeau Noir tenta d’articuler une question, mais l’homme l’en empêcha.
« On verra les questions plus tard, Corbeau. Quand nous serons en sécurité… »
Et l’homme soutint Corbeau. Ils avancèrent lentement, mètre par mètre, évitant toutes les rondes de gardes. Il y en avait peu. La plupart devaient être en train de pleurer leur roi décédé… Les deux fuyards réussirent à quitter le château sans aucun problème.
La calèche de Vanardel s’éloignait du château. L’Inquisiteur se frottait les mains, s’auto satisfaisant du travail qu’il avait accompli : les recherches qu’il avait fait, les interrogatoires qu’il avait mené, les tortures qu’il avait ordonné… Tout cela avait permis de détruire treize Enfants-Démons, ainsi que leurs géniteurs. Les génitrices, elles, servaient d’esclaves à l’Inquisiteur, qui les avait lui-même converties à l’adoration d’Anatherkal. Les deux Enfants-Démons restant seraient plus durs à débusquer, mais l’Inquisition leur tomberait dessus à un moment ou à un autre, et ils ne seraient plus que des mauvais souvenirs. La traque n’avait pas encore commencé, mais Vanardel en connaissait déjà l’issue…
Le Corbeau Noir put enfin s’asseoir, une fois qu’ils furent assez éloignés du château. Le soleil n’était toujours pas couché. Il était difficile pour le Corbeau d’imaginer qu’il y avait moins d’une heure, il était en train d’abattre une armée qui s’attaquait au château de Studerret…
Il était toujours trop épuisé pour se tenir debout et pour parler, mais il put pousser un sifflement strident. Un coassement lui répondit, et un corbeau répondit. Le Corbeau Noir sourit et attendit que l’animal vienne se poser sur son épaule.
« Tu aurais pu attendre d’être rétabli. » dit l’homme qui l’avait aidé
Le corbeau explosa, et ses plumes entourèrent son maître, jusqu’à ce qu’elles forment un manteau semblable à celui que le moine avait brûlé.
« Je suis rétabli. »
A peine eut-il fini sa phrase qu’il créa une vierge de fer noire, qui entoura l’autre homme et se referma sur lui. Il n’y eût pas un cri, pas une protestation, même lorsque le Corbeau Noir fit apparaître des piques à l’intérieur de sa création.
Un éclair lumineux aveugla le Corbeau. Il provenait de l’endroit où il avait placé la vierge de fer… Quand ses sens redevinrent normaux, il aperçut l’homme qu’il venait d’attaquer, debout au milieu des débris de la vierge de fer.
« - Je te sauve, et voilà comment tu me remercies ?
- Je ne voyais pas d’autre moyen pour survivre et m’échapper… Tu es un Inquisiteur, comme l’autre… »
L’homme éclata de rire à la remarque. Le Corbeau Noir ne comprit pas ce que sa remarque avait de comique, mais il était encore plus surpris par le fait que cet homme ait réussi à survivre à son passage dans l’instrument de torture.
« Oh non, je ne suis pas un Inquisiteur. Si je l’avais été, et que j’avais voulu te tuer, je l’aurais déjà fait, Kenneth… »
Les yeux du Corbeau Noir s’ouvrirent en grand. C’était la première fois qu’il entendait quelque chose qui l’étonnait autant de toute sa vie… Et même s’il n’avait pas été très longtemps sur cette terre, il avait déjà eu à faire à des choses très étonnantes…
« - Qu’est-ce que vous avez dit ?
- Tu es surpris ? Moi je ne le serai pas, si j’étais toi. Je t’expliquerai tout dans quelques heures, quand nous serons assez loin. Est-ce que ça te va comme ça ?
- Comme si j’avais vraiment le choix… »
L’homme sourit et commença à marcher en direction du sud.
Ce n’est qu’après plusieurs heures de marche qu’ils arrivèrent enfin à un village. C’était un petit hameau, composé d’une vingtaine de maisons et d’une auberge. Quelques jours plus tôt, il y avait plus de maisons, mais l’armée de Thorggut les avait détruites, pour s’échauffer sans doute. Les villageois remerciaient les dieux, car il n’y avait eu que deux morts lors de l’attaque, le but des Hommes-Bêtes étant de détruire les maisons, et non de tuer les hommes.
Le Corbeau Noir suivait toujours l’autre homme, jusqu’à ce qu’ils entrent dans l’auberge et s’assoient à une table. L’homme commanda un broc d’eau, et prit la parole :
« Je peux donc tout t’expliquer, Kenneth. Mais avant tout, je vais me présenter : je m’appelle Temos, et je suis ton frère. »
Corbeau, ou plutôt Kenneth, tomba de sa chaise. Il n’avait jamais entendu parler de sa famille, et l’homme qui était devant lui prétendait être son frère ! C’était totalement impossible !
Voyant la surprise de son frère, Temos éclata de rire.
« Comment pourrais-je connaître ton nom sinon ? Seuls Reth et Turagos le connaissent, notre père et ma mère. »
Ils étaient frères… Peut-être… Mais Kenneth avait toujours connu Turagos comme un homme, un ami proche du roi… La phrase de Temos soulevait plus d’interrogations qu’elle ne répondait à des questions…
« - Donc, Temos, je résume… Tout d’abord, tu dis que le roi est mon père. Ensuite, tu parles de Turagos comme étant ta mère, alors que c’est un homme… Il n’y a pas un petit problème de logique là-dedans ?
- Exact, le roi Reth est notre père. Quant à Turagos, nous ne devons tout simplement pas parler de la même personne…
- Turagos n’est pourtant pas vraiment un nom courant. C’est le nom du Dieu Sombre, Seigneur des Ombres et Souverain des Morts.
- Peut-être… Toujours est-il que tu devrais rester avec moi. En tant que frères, nous sommes dans le même bain : l’Inquisition est après nous, et nous avons toujours un membre de la famille qui court dans la nature.
- Un autre membre de la famille ? Mais combien sommes-nous ?
- Nous sommes deux à partager le sang de Reth, trois à partager celui de Turagos. Quant aux autres, ce sont des cousins, et deux d’entre eux ne partagent aucun lien de sang avec nous… Enfin, il faudrait parler d’eux au passé. L’Inquisition a tué presque tous les Enfants-Démons de Studerret, c’est-à-dire onze personnes sur les quinze. Le douzième est emprisonné depuis quelques jours. Il sera exécuté dans cinq minutes.
- Et donc il ne reste plus qu’un des nôtres à l’extérieur ?
- J’admire ton talent de calcul mental. Il dépasse l’imagination la plus folle…
- Très drôle… Bon, qu’est-ce qu’on fait là ?
- Actuellement, on discute. Mais tu as raison, on devrait partir. Elle nous attend…
- Elle ?
- Oui, la treizième.
- Et qu’est-ce que tu fais de notre frère emprisonné ?
- On ne peut rien faire pour lui. Il est trop loin pour que nous puissions intervenir. Et puis, il ne nous serait pas utile.
- Je déteste cette façon de penser… Juger qui on va protéger par rapport à l’utilité qu’il nous apportera. Et puis, à quoi il nous serait utile ? Je n’ai pas de mission prévue actuellement…
- Je pense comme on m’a appris à penser. Toi et moi, nous sommes des Ombres de Guerre. Notre vie est dédiée au combat, et nous ne savons pas faire autre chose que ça… »
Kenneth se leva d’un trait et frappa sur la table. Le bois se fissura au moment de l’impact. Il détestait la façon de penser de son frère, et aussi son aptitude à envoyer des vérités pareilles au visage de celui avec qui il parlait…
Des larmes commencèrent à couler le long des joues de Kenneth. Non, il ne savait pas que se battre. Il savait souffrir… Mais cela rejoignait ce que Temos avait dit…
« Tu as raison… Bon, on s’en va ? »
Temos sourit.
« Nous sommes attendus à Déhanora dans trois jours, Kenneth. Il va falloir marcher vite ! »
[A suivre... oui, je sais, vous l'auriez pas deviné sans moi
]