Retenu par son propre destin

[Ou : Le Retour d'Imrahil ]

C'est un Imrahil meurtri par l'épuisement qui se présenta aux portes de Minas Tirith à la tête d'une quarantaine d'hommes en armes, vers midi. Il leur fut sommé de s'arrêter tandis qu'un garde venait à leur rencontre. Lorsqu'il reconnut Imrahil , le garde somma un coursier de prévenir sur-le-champs le Capitaine Gallior du retour de Imrahil . L'ex-capitaine patienta ainsi avec ses quarante hommes à l'entrée de Minas Tirith , une bonne vingtaine de minutes, avant que le coursier ne revienne à eux.

"Navré de vous avoir fait attendre. J'ai informé le Capitaine Gallior de votre retour; il sollicite la venue de votre personne, ainsi que de vos hommes, sur-le-champ.
_ Bien... Dans ce cas... Imrahil se tourna vers ses hommes, qui campaient littéralement à la porte. Tous étaient très fatigués. Depuis l'attaque qu'ils avaient essuyé, ils n'avaient fait qu'une unique et très courte pause. Sans compter qu'aucun d'eux n'avait mangé de toute la journée. Allez les gars! lança Imrahil en masquant sa fatigue par un ton gai. Debout! Vous débordez d'énergie, je le vois à vos têtes! On en veut encore pas vrai? Allez, histoire de garder la forme, on va se monter les six premiers niveaux ! Quelques soupirs se firent entendre par-ci par-là dans le groupe. Et le premier qui râle, aura à me seconder à la taverne jusqu'à la fin de la guerre!"

La troupe traversa donc Minas Tirith jusqu'au sixième niveau. Ils vinrent se ranger en ordre dan la cour des quartiers militaires, où les attendait le Capitaine Gallior . Imrahil perçut une pointe de déception dans l'expression de Gallior .

"Imrahil ... Enfin de retour au pays.
_ Capitaine Gallior , défendre le Gondor est mon devoir, ma vie...
_ Je n'en doùte pas. Et votre présence est, à n'en plus doûter, indispensable. Osgiliath en est un sacré témoignage. Veuillez me suivre je vous prie.
_ Bien sûr. Imrahil se tourna vers ses hommes. Attendez ici, on va s'occuper de vous dans un moment."

Gallior se rendit avec Imrahil dans la salle de réunion, une pièce bien spartiate, où ils purent entamer leur discussion seul à seul.

"D'où viennent ces hommes qui vous accompagnent?
_ De Cair Andros . Gallior se figea de stupéfaction.
_ On a perdu Cair Andros maintenant ? bégaya Gallior . C'est une sombre nouvelle.
_ Certes, mais au point où nous en sommes, je crois qu'on ne devrait pour l'instant se soucier que de Minas Tirith . Et puis, encore heureux que je sois passé par-là à ce moment, sinon, on aurait perdu la garnison dans sa totalité. Au moins, j'ai pu ramener les restes avec moi. Ils en ont bavé eux aussi, il faudrait leur accorder de la nourriture, du repos... Ce genre de trucs quoi.
_ Je m'occuperai d'eux, ne vous inquiétez pas. Mais dîtes-moi... Où est le seigneur Elegost ?
_ Retenu par son propre destin. se désola Imrahil .
_ Il n'est donc pas revenu avec vous... Au moins il n'est pas mort. Tant mieux, je ne voudrais surtoùt pas faire entendre une nouvelle de la sorte à mes hommes, leur moral ne tient plus qu'à un fil. Mais peut-on compter sur son retour proche?
_ Sur son retour, je n'en doùte pas une seconde. Sur son retour proche , j'en doûte déjà un peu plus longtemps..."
Gallior afficha une mine maussade. "C'est très regrettable.
_ Oui, en effet. Plus encore que pour la mienne, sa présence est, à n'en plus doûter, indispensable. Cair Andros en est un sacré témoignage."

Gallior se mit à tourner en rond en exprimant avec pessimisme sa déception de ne pas bénéficier en ces heures sombres des conseils , ou même du commandement, du Seigneur Elegost . Imrahil , lui, ne put résister à l'appel d'une des chaîses en bois qui se trouvait près d'une table carrée au centre de la pièce. Un réflexe surhumain de sa part lui permit de ne pas se ridiculiser dans une chute tandis que la chaîse commençait à pencher d'un côté. En jetant un coup d'oeil, il s'aperçut que l'un des barreaux de la chaîse était cassé. Il décida de maintenir l'assemblage en équilibre en forçant sur une jambe et en se penchant dans l'angle approprié. Gallior , trop tourmenté par ses problèmes, n'avait rien remarqué. Finalement, tandis qu'Imrahil se maintenait tant bien que mal, Gallior tourna enfin la page.

"Vous auriez sùrement souhaité voir le Roi Elessar .
_ J'aurais aimé que ce soit lui qui me restitue mon grade. Ou du moins, ma place dans l'armée.
_ Et estimez-vous l'avoir mérité au cours de votre voyage?
_ Oui, mais pour être honnête, j'estime même que cette punition est injuste et ridicule."
Gallior fut surpris par la réponse d'Imrahil , qui poursuivit néanmoins.
_ Selon le Roi , mettre quinze vies en jeu pour n'en sauver qu'une seule était une erreur. Je comprends son raisonnement, mais franchement... Est-ce une erreur que de venir en aide à un frère d'armes contre une mort certaine? Ou sommes-nous semblables aux Orques au point d'abandonner nos compagnons pour garantir notre survie? Alors certes, ces hommes sont morts. Mais ils sont morts en Gondoriens . C'est mieux que de vivre en lâches, non?"
Gallior eut une mine pensive et mit un moment avant de répondre.
"Votre attitude , selon vous et selon moi, était louable. Venir en aide à Sire Berethor était la meilleure chose à faire. Mais ce que je trouve ridicule, mon ami, c'est que vous n'ayez pas consulté le Roi , ou le Commandant Elegost , pour une opération sensible comme celle-ci."
Assumant son erreur, Imrahil demeura calme.
" Je n'ai aucune excuse de ce côté là.
_ De toute manière, vos excuses ne ramèneraient pas à la vie nos hommes. Je suis prêt à vous restituer votre grade, mais à la condition que désormais, vous n'agissiez plus de la sorte. Faites-moi part de toutes vos prises d'initiatives, et ne gardez plus vos plans au silence avant leur mise à éxécution. Montrez que vous cherchez à corriger vos erreurs, en somme.
_ Je vous le jure, mais comme je vous l'ai dit, insista Imrahil , c'est au Roi de me restituer mon grade. Pas à vous.
_ Il va falloir vous contenter de moi. répliqua Gallior , qui se fit ensuite plus hésitant. Je suis navré, mais... Les nouvelles ne sont pas excellentes ici. Le Commandant Elegost n'est pas le seul à s'être absenté. Sont manquants à l'appel : Sire Berethor...
_ Banni aussi ?! S'enquit Imrahil . Si le Roi avait osé bannir Berethor , il allait vraiment s'enrager. Tous ces sacrifices n'auraient servi à rien, au mieux ils auraient permis à un bon guerrier de retrouver la liberté, au pire Sire Berethor éprouverait le désir de se venger et, fou de ce désir, se rallierait aux envahisseurs Haradrims . Une hypothèse à priori farfelue, mais pas négligeable.
_ Non, *Ouf!* capturé ou tué à Osgiliath .
_ Umpf... C'est tout de même embêtant.
_ Puis le Amrod ... Lui, on ignore ce qui lui est arrivé. Il serait revenu vivant d'Osgiliath , mais ne s'est pas manifesté pendant les jours qui ont suivi. Lassé de les attendre, j'ai envoyé un messager le faire quérir. Introuvable. Chez lui, comme en ville.
_ ...Déserté?
_ C'est possible.
_ Arf! Qui d'autre?
_ ...
_ ... Quoi? C'est bon, vous en avez fini avec vos mauvaises nouvelles? Bah ça va, c'est moins pire que ce à quoi je m'attendais!
Gallior secoua la tête avec un air désolé.
_ Quand je vous disais que vous devez vous contenter de moi pour vous restituer votre grade... Je faisais allusion à l'absence du Roi .
_ Oh bon sang, ne me dîtes pas qu'il est mort ! Imrahil sentait les larmes lui monter aux yeux.
_ Vous auriez sans doûte préféré : il a déserté.
_ Le Roi a quoi ?! Imrahil avait une mine d'un ébahissement historique.
_ Vous avez bien entendu. Il a déserté . Il s'est enfui. On a fouillé son palais, il n'y était plus. Mais, très ponctuel, il nous a laissé une lettre dans laquelle il dit que son dernier ordre en temps que Roi est que nul ne se mette à sa recherche.
_ Quel sale DESPOTE ! ! ! Imrahil venait de se relever d'un bond de sa chaîse, qu'il envoya se fracasser contre le mur d'un coup de pied fulgurant, tandis que les larmes de tristesse qui avaient commencé à lui dégoûliner des yeux devenaient des larmes de rage. Quand je pense que chacun de nous était prêt à donner sa vie pour lui! ! Oh oui, et on a failli le faire un moment ! Pour un pleutre ?! Tu vas voir si nul ne se met à sa recherche... Un peu qu'on va se mettre à sa recherche! Non, en fait, on va le retrouver! Oh oui, quand cette guerre sera finie, ce sera la première chose que je ferai, de me lancer à sa poursuite!"

Hésitant, Gallior tenta de ramener Imrahil au calme. L'information sortie du septième niveau à cause de ce Garde de la Cour de la Fontaine avait causé suffisament de ravage, il ne souhaitait pas que Imrahil contribue à la bonne circulation de l'information. Des gardes se trouvaient dans le couloir.
"Quand cette guerre sera finie, comme vous dîtes. Mais pour l'heure, je vous remercierai de garder celà au silence. Le moral des troupes, vous voyez..."
Imrahil hocha furieusement de la tête. La nouvelle ne le réjouissait pas, c'est sûr. Lorsque le Roi avait été capturé par des Haradrims il y a quelques temps déjà, Imrahil avait été l'un de ceux qui avait le plus souffert pour le ramener en vie à Minas Tirith . Son corps avait été tout meurtri de blessures graves, et le valeureux soldat avait été aux limites de la mort. Gallior pouvait s'imaginer la rage que ressentait Imrahil .
"L'Ennemi , à mon grand étonnement, ne bouge plus depuis plus d'un mois maintenant. Depuis la chute d'Osgilitath , il n'a pas bougé de là-bas. C'est inhabituel de la part des Orques ... Mais au moins, celà nous laisse le temps de nous préparer. Ca vous en laisse le temps à vous aussi d'ailleur. Allez prendre du repos chez vous, à voir votre état vous devez en avoir bien besoin.
Imrahil se ressaisit tant bien que mal, mais l'énervement se lisait sur son visage tandis qu'il se retirait.

https://terres-de-gondor.forumsrpg.com/la-cite-f7/la-taverne-t487-795.htm#16992

[Je mets ici le lien de la page où se trouve la conclusion de l'aventure d'Imrahil dans le JdR commun avec Elegost afin qu'elle soit aisée à retrouver. Ceux qui comme moi relisent de temps en temps les anciens posts savent qu'il est très difficile de retrouver un post en particulier dans la taverne, donc, grâce à ce lien, vous arriverez directement à la bonne page.]