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 L'Arbre Sacré

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Elessar
Roi du Gondor
Elessar


Nombre de messages : 3355
Date d'inscription : 03/01/2005

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MessageSujet: L'Arbre Sacré   L'Arbre Sacré EmptyVen 7 Sep - 19:31

L’Arbre Sacré

C’est en entrant chez Halios que Karn comprit la gravité de la situation. Avant plein de joie et de vigueur, Halios le Gardien du Fruit semblait maintenant terrifié et ramolli, comme une personne n’ayant plus aucun espoir auquel s’accrocher. La joie, il la tirait de son rang, hérité de ses ancêtres élus. Mais la peur qui le tenaillait depuis quelques mois et l’empêchait de sortir de chez lui, nul ne pouvait l’expliquer. Bien sûr, les habitants du village avaient remarqué sa disparition, mais personne ne s’en inquiétait, car il lui arrivait, par période, de partir sans prévenir, pendant quelques semaines. Mais voilà déjà trois mois qu’aucune lumière ne paraît à travers sa fenêtre, sous les racines de l’Arbre Sacré. Karn fut donc choisi par les Sages afin de vérifier si Halios vivait toujours dans sa cabane souterraine, sous l’Arbre Sacré, au cœur de la forêt de la Lune. En temps normal, seuls les Gardiens étaient autorisés à traverser le lac d’où s’élevait l’Arbre, au milieu d’un minuscule îlot formé de ses racines. Mais en cette heure grave, les traditions n’étaient pas la priorité de la Confrérie des Sages. Quelle heure grave ? Qu’avait d’alarmant la disparition de cet ermite ? Les villageois ne connaissaient pas la Légende, fondement même de la vie…

Cela remonte à des millénaires déjà. En vérité, personne ne peut affirmer avec exactitude depuis quand la vie s’écoule à l’ombre de l’Arbre. Quoiqu’il en soit, depuis ce temps, tous les dix ans a lieu le Rituel. A cette date, l’ancien Arbre, mort, est remplacé par une nouvelle graine, qui mettra un an complet à atteindre sa taille « adulte », qu’il gardera jusqu’à la dixième année. Ainsi, tous les dix ans, l’Arbre naît, et tous les dix ans, l’Arbre meurt. Le Gardien du Fruit a pour tâche de veiller sur une réserve de graines qui remplaceront les Arbres desséchés, de décennie en décennie. Tout cela est bien beau…mais, me direz-vous, pourquoi tant de traditions, de coutumes, de règles autour de ce végétal ?

Le Village de Litreya, au cœur de la forêt de la Lune, n’est pas un village comme les autres. Rares sont les habitants qui en sont sortis. Non pas parce qu’une malédiction pèse sur quiconque osera franchir les limites de la forêt, mais simplement parce qu’ils n’ont aucune raison d’en sortir. L’Arbre Sacré veille. Il est vivant. Pas comme toute plante qui se respecte, non, il a quelque chose de particulier. Grâce à lui, pas une guerre n’a fait couler le sang sur les feuilles mortes de ces bois. Jamais la famine n’a touché Litreya, pas une maladie, pas de rude hiver. Les bêtes sauvages vivent sans déranger les hommes. La vie même y est allongée, par rapport à celle des humains d’autres régions, bien qu’il n’y ait pas de comparaisons à faire puisqu’il n’y a aucun échange entre l’intérieur et l’extérieur. Voilà suffisamment d’explications pour comprendre la suite de notre récit.

Karn poussa la barque verte dans l’eau foncée, et sauta à bord, créant quelques remous. Il saisit la rame et la plongea profondément. L’embarcation commença lentement sa traversée du lac. En quelques mouvements de bras, le jeune homme atteignit l’îlot et accrocha la vieille corde autour d’une des immenses racines de l’Arbre. Celui-ci allait bientôt atteindre sa dixième année, et les villageois préparaient déjà le repas du Rituel, où chacun festoierait en mangeant et buvant les récoltes de l’année passée. L’Arbre ressemblait presque à un chêne, mis à part sa taille incomparable. Ses grandes feuilles tournaient au marron, symbole de la fin proche de son porteur, qui ne revêtait que du vert flamboyant, tout au long de sa vie. Karn mit pied à terre, et fit quatre pas avant d’arriver au seuil de la porte informe. En toute logique, si la barque se trouvait de l’autre côté du lac lorsqu’il était monté dedans, c’est que l’ermite était parti. Mais il frappa tout de même trois fois, après quoi il entra. Peut-être trouverait-il quelque chose dans la cabane qui expliquerait le départ du Gardien, ou qui aiderait les Sages à trouver une solution pour le retrouver. L’obscurité régnait en ces lieux, comme toujours. Enfin, c’est ce qu’il imaginait, puisque rappelons-le, seuls les Gardiens étaient autorisés à traverser le lac, et donc à entrer dans cette cabane. Une planche avait été calée derrière la fenêtre pour empêcher la lueur de la lune de pénétrer dans cette antre. Ses yeux mirent une poignée de secondes à s’adapter au manque de lumière, puis il balaya la pièce unique de son regard. Le sol était quelques marches plus bas, mais nulle trace d’humidité n’était visible : au contraire, une épaisse poussière, presque du sable, le jonchait. Le plafond quant à lui n’avait rien à envier à la plus biscornue des grottes. Des racines sortaient de tous les côtés, et des toiles d’araignées et divers insectes avaient trouvé leur place un peu partout. Quelques meubles, une table, une chaise, une armoire au fond. Une lampe à huile éteinte était suspendue à une poutre soutenant la terre du dessus. Karn sursauta en tournant la tête vers la gauche : un vieillard le regardait, assis dans un profond fauteuil. Son teint était si pâle que le jeune homme se demanda s’il n’était pas mort. Mais le vieillard, Halios le Gardien, dit trois mots d’une voix usée, tout comme son apparence : « C’est la fin ».
« La fin de quoi ? » voulut demander Karn, mais il se résigna, s’approcha un peu plus et osa un simple : « Pardon ? ».
« C’est la fin, répéta le Gardien ».
Un instant passa avant qu’il n’ajoute :
« J’ai échoué ».
Forcément, la question que posa Karn fut des plus logiques :
« Qu’avez-vous échoué ?
- La tâche des Gardiens. L’Arbre va mourir.
- Bien sûr, comme tous les dix ans.
- Il n’y a plus de graines, conclu le vieux, de sa voix monocorde ».

Karn se figea. Il n’imaginait pas qu’un tel événement puisse survenir un jour à Litreya. Il se doutait bien que les graines n’étaient pas éternelles, puisqu’elles ne venaient pas de l’Arbre lui-même. Une question lui vint à la tête, mais Halios le coupa :
« Toutes les trois générations, le Gardien qui s’occupe de l’Arbre est soumis à une énigme. La résolution de cette énigme permet de trouver l’endroit, le sanctuaire, où reposent les graines. Mais je n’ai pas trouvé la solution, et l’heure vient, où l’Arbre ne pourra plus être remplacé. Litreya va s’effondrer et connaîtra les fléaux du monde extérieur. Tout est fini…par ma faute...
- La réponse n’est pas notée quelque part, par l’ancien Gardien ?
- Il ne s’agit pas d’un jeu, mon petit, c’est un véritable test. L’énigme est différente à chaque fois, c’est l’Arbre lui-même qui nous la soumet.
- De quelle façon ? demanda Karn. Par un rêve ou quelque chose comme cela ?
- Viens ».

Le vieux se leva, et fit quelques pas. Il se pencha sur la table recouverte de feuilles en vrac, griffonnées. Il prit un briquet, et, après avoir attrapé la lampe à huile au-dessus, l’alluma. La lumière permit alors de découvrir ce que l’obscurité cache aux yeux humains. Halios avança vers le fond de la pièce. Karn le suivit, intrigué. Le vieux tendit son bras vers ce qui semblait être le fond de la cabane, et d’autres racines. Cependant ces dernières n’avaient pas prit une forme habituelle : on aurait dit qu’elles avaient été sculptées, polies, tant leur aspect était doux, lisse. Une racine formait une croix. Autour, deux autres se reliaient symétriquement. L’aspect général faisait penser à la lettre majuscule grecque « Oméga », une croix dessinée en son centre.

« C’est cela, l’énigme ? demanda Karn.
- Oui. Dans ma jeunesse je m’étais entraîné à répondre à des énigmes, par des mots, des phrases mystérieuses. J’étais devenu très bon, mais ce signe me déroute, je ne m’attendais pas à une énigme dessinée.
- C’est bizarre, je n’avais jamais vu ce genre de marque.
- C’est la croix qui me laisse perplexe, avoua le Gardien du Fruit.
- Et ça, est-ce un signe que nos ancêtres connaissaient ?
- J’ai fais de nombreuses recherches au cours de mon existence, sur eux, leurs coutumes et leur vie en général. Cette lettre est l’Oméga ».
Il fit glisser ses doigts tout le long des deux racines liées, en expliquant cela.
« Elle a toute une signification, elle symbolise ce qui est terminé, complet, le dernier.
- Et la croix ?
- C’est là que se pose le problème, elle ne fait pas partie de la lettre, c’est un ajout. Je le prendrais pour un objectif, un but à atteindre.
- Et donc le sanctuaire des graines, c’est cela ?
- Exactement ».
Karn fronça les sourcils, méditant sur ce qu’il venait de voir et d’apprendre. D’une voix hésitante il proposa :
« Le sanctuaire se trouve au milieu du dernier ?
- Du dernier quoi ?
- Eh bien je ne sais pas trop, peut-être le dernier Arbre ? avança Karn en haussant les épaules.
- J’y ai pensé, mais le sanctuaire est le même depuis toujours, et mon père m’a raconté que son grand-père était parti en voyage, après quoi il revint avec les graines. Elles n’étaient pas dans l’Arbre, mais dans un lointain pays.
- Vous avez d’autres pistes ? ».
Halios se tourna et désigna la table pleine de parchemins et rouleaux.
« Voilà toutes mes recherches, mes suppositions, dit-il en ricanant, puis il fut prit d’une quinte de toux.
- J’ai une question, dit Karn.
- Eh bien vas-y, pose-la, répondit le vieux, en s’essuyant la bouche du revers de la manche.
- Pourquoi la barque n’était-elle pas accrochée à l’îlot ? Quelqu’un d’autre est venu et reparti ?
- Tu es perspicace, mais tu as tort. C’est la sentence que je me suis imposé. L’énigme que l’Arbre soumet aux Gardiens est posée un an avant qu’il se dessèche. Voilà trois mois qu’elle m’est apparue. Il m’en reste neuf avant que Litreya ne pâtisse des conséquences de sa mort. Alors je me suis promis de ne pas m’éloigner de l’Arbre, tant que je n’aurais pas trouvé la solution.
- J’ai la réponse que les Sages attendaient de moi, concernant votre disparition.
- Et tu vas repartir comme tu es venu ? demanda Halios.
- Ne serait-on pas plus efficace si l’énigme était posée à tout le village ?
- Tu sais que tu as brisé une loi en foulant l’îlot ?
- Vous allez m’infliger une punition ?
- Non…mais l’énigme est posée au Gardien. Je suis le Gardien. C’est ma tâche, comme le pêcheur doit apporter ses poissons aux habitants, et le palefrenier dont le rôle consiste à s’occuper des chevaux. Nous avons tous une tâche à accomplir dans la vie, certaines sont plus honorifiques que d’autres. Tu auras toi aussi ta tâche, un jour, Karn, mais laisse-moi ma dignité, permet-moi d’accomplir celle que l’on m’a confié.
- Je comprends.
- Merci, termina le vieillard.
- Mais…puis-je vous aider, au moins ? ».
Halios grommela, et prit d’un air las, soupira :
« Ai-je vraiment le choix ? Karn, tu sais…tu es connu pour être le plus têtu du village, tu ne me lâcheras plus, maintenant que tu connais tout cela. Enfin bon…ton aide me sera précieuse et je dois avouer que j’en ai bien besoin ».
Ainsi, Karn resta chez Halios le Gardien du Fruit, cherchant en sa compagnie la solution de l’énigme de l’Arbre. Des jours passèrent. Les questions fusaient, les suppositions se faisant de plus en plus nombreuses. L’Oméga signifiait-il la fin de la terre ? La fin d’un temps ou d’une chose ? La croix désignait-elle comme ils l’entendaient, leur objectif ? Et quel objectif ? La solution ou le sanctuaire lui-même ?

Pendant ce temps, dans le village, les gens s’inquiétaient de cette seconde disparition. La Confrérie des Sages se réunit une seconde fois en peu de temps. Le Conseil avait lieu sur la place du village, et chacun pouvait y assister, à condition de garder le silence, ou de demander l’accord avant de prendre la parole. De cette façon, tout le monde pouvait être au courant des événements concernant Litreya. Le plus vieux, visiblement le plus respecté, prit la parole en premier, lorsque tous furent assis en rond.
« L’heure est grave. Après la disparition de Halios, nous devons signaler celle de Karn, qui, comme vous le savez, est allé sur l’îlot de l’Arbre pour justement découvrir des indices sur l’absence du Gardien. Je soumet cette question au Conseil : doit-on envoyer une autre personne, malgré la tradition ?
- Surtout pas, l’Arbre a tué Karn car il a foulé le sol sacré ! lança un des vieux.
- L’Arbre n’a jamais fait de mal au peuple de Litreya, rectifia un autre.
- Il faut envoyer un homme solide, pas un gringalet comme Karn ! tenta le forgeron, sans demander l’autorisation de parler.
- Et à quoi cela servirait-il ? demanda le chef du Conseil ».
Le forgeron se tut et baissa la tête, avouant avoir parlé sans réfléchir. Une femme proposa d’une petite voix :
« Peut-être qu’il y a quelque chose de fascinant sous l’Arbre, un tunnel ou une immense grotte, et Karn se serait perdu.
- Le grand-père d’Halios m’a fait un croquis de sa cabane, il y a fort longtemps, dit le chef. Et elle n’a rien d’une grande caverne, c’est même minuscule ».
Chacun s’enferma dans ses pensées, se creusant la cervelle pour trouver une explication logique.
« Bah, le plus simple est d’envoyer quelqu’un, dit un des hommes présent. Mais cette fois, une seconde personne restera sur la rive. Si c’est si petit que ça, celui qui ira chez Halios verra l’intérieur en restant sur le seuil, et nous seront fixés ! L’autre personne sera juste là pour vérifier que tout se passe bien. Si ça se trouve, Halios et Karn sont partis pendant la nuit, et personne ne les a vu.
- Oui, on s’inquiète pour rien, affirma une grosse femme ».

Cette solution fut retenue, et Teranya, la petite fille du chef du Conseil voulut être celle qui irait à la rescousse de Karn.








A suivre...

[La suite du Voyage d'Eäril, que je vous ai présenté il y a longtemps, se trouve maintenant ici .]
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